Chaleur et échelle
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Introduction
Dans ce qui suit, je vais utiliser le lien qui
existe
entre la taille et la quantité de chaleur échangée
par un objet pour expliquer des phénomènes que vous avez
pu observer comme le fait qu'un enfant se refroidit plus vite qu'un
adulte.
Le fil conducteur sera de répondre à la question :
pourquoi
un enfant ne transpire pas en faisant un effort physique, contrairement
à un adulte (ceci, sous certaines contraintes qu'on
évoquera
plus loin (même quantité de chaleur produite par l'effort
<> même effort physique (vitesse identique) car masse
~h³)).
Pour mieux comprendre les notions expliquées
dans la suite, rien ne vaut l'expérimentation. Je vous conseille
donc vivement de vous procurer des jeux pour enfants tels que des cubes
ou des briques de construction en plastique avant de plonger dans ce
document.
La difficulté des notions est indiquée
par des symboles et se répartie entre débutant, averti et
initié. N'h"sitez pas à parcourir les paragraphes plus
difficils, vous y trouverez toujours quelques informations utiles
à glanner.
Échelle et grandeurs spatiales.
Commençons par voir quel est l'influence
de la taille sur un objet. Pour cela nous pourrions prendre une
sphère
(comme dans un autre document), mais pour aider à la
compréhension,
je vais choisir un pavé rectangulaire
i Distance
Considérons un pavé qui nous servira
d'étalon. On souhaite, par exemple, obtenir un pavé "deux
fois plus gros", au sens que toutes ses arêtes soient deux fois
plus
longues.
Si ses arêtes font a, b et c de longueur,
alors le nouveau pavé aura des arêtes de longueur 2a, 2b
et
2c. Par extension, toute distance entre deux points quelconques sera
deux
fois plus grande; un point situé au milieu de l'arête
verticale
est à c/2 (respectivement c) des sommets les plus proches.
A l'aide de la relation de Pythagore, il n'est pas
difficile de s'en rendre compte. Par exemple, la distance entre deux
sommets
les plus éloignés (ils sont situés sur la
diagonale)
est, (a²+b²+c²)1/2 pour le pavé
étalon
et devient (4a²+4b²+4c²)1/2 dans le second
cas.
Il y a donc bien un facteur deux entre ces distances.
Ce facteur est le nombre de fois qu'il faut reporter
le pavé pour obtenir la taille voulue.
d' = 2.d
ii Surface
Procédons de la même manière
pour obtenir le facteur qui lie les surfaces du grand pavé au
pavé
étalon; comblons chaque face et comptons le nombre de faces
utilisées.
On constate que chaque face a pour aire le quadruple
de la face initiale. C'est normal puisque la surface d'un rectangle est
le produit de deux longueurs; si celles-ci sont agrandies du même
facteur, alors la surface augmente du carré de ce facteur.
d'1 = 2.d1 , d'2
= 2.d2
=> s' = d'1.d'2 =
2.2.d1.d2
= 2².s
iii Volume
Si vous avez compris le processus jusqu'à
maintenant, alors vous avez certainement déjà
trouvé
la solution pour le volume.
Le grand pavé est formé de huit
pavés
étalons, d'où le volume est :
v' = 2³.v
iv Généralisation : facteur
d'échelle
Ce raisonnement n'est pas propre qu'à un
doublement des dimensions; il est aussi valable pour un agrandissement
triple, quadruple, etc. Cela marche aussi pour une réduction ou
pour des facteurs non entiers. Si h est ce facteur d'échelle,
alors
on a en général :
d' = h.d s' =
h².s
v' = h³.v
Ainsi, si deux objets diffèrent par la taille mais pas la forme,
alors leurs grandeurs spatiales seront dans ces proportions.
Un enfant et un adulte sont deux tels objets. Leurs tailles
diffèrent,
mais leurs formes, à quelques approximations près, sont
identiques;
un adulte n'est pas la version étirée d'un enfant et
à
l'inverse, un enfant n'est pas un adulte aplati.
Flux
i Notion
Maintenant que nous avons réglé le
problème de la taille, attelons nous à celui de la
chaleur.
Imaginons une maison dans laquelle se trouve une poste. Des clients
entrent
et sortent y déposer du courrier ou en retirer.
L'entrée
ou la sortie des clients constituent un flux. Le déplacement du
courrier est aussi un flux. On peut mesurer l'importance de ce flux en
comptant le nombre de clients en transit. Mais nombre de clients en
transit
et flux de sont pas la même chose. Le flux ne dépend pas
de
la taille de la maison, contrairement au nombre de clients. Le lien
entre
les deux sera donné plus loin.
Un flux est compté à travers une
surface.
Cela peut être une portion de surface comme une porte, ou une
surface
fermée entourant un volume comme une maison. Le signe du flux
indique
si le volume se rempli ou se vide.
Flux à travers une portion de
surface
Flux à travers une surface fermée
Flux "remplissant"
ii Échange et équilibre
Une portion de surface délimite deux
régions
entre lesquelles le flux transporte des éléments d'une
région
vers l'autre. Il y a échange entre ces régions.
Cet échange peut aussi se faire entre deux
surface fermées. Si le flux de la région 1 à la
région
2 est égal au flux de 2 vers 1, ou si le flux entrant est
égal
au flux sortant, alors le flux global est nul et il y a
équilibre.
Au royaume Uni, les rues sont faites de maisons
toutes identiques les unes aux autres (la rue est construite d'un bloc,
rangée de briques après rangée sur toute la
longueur).
On peut parfois passer de l'une à l'autre par une porte
latérale.
Si on veut connaître le flux de personnes entre les maisons et la
rue, il suffit de compter les personnes passant par les portes
d'entrées
seules et de ramener ce débit à la surface
traversée.
Le flux latéral devient invisible. A l'inverse, si on
sépare
une maison par une paroi, on peut faire apparaître le flux
à
l'intérieur. Cela est vrai même hors équilibre.
iii Lien avec l'échelle
Dans une maison isolée, il peut y avoir un
flux de personnes à travers les murs ayant une ouverture. Si
deux
maisons sont accolées et que le mur commun a une ouverture, il
peut
y avoir un flux à travers cette cloison. Mais il n'est pas
visible
de l'extérieur. Cette cloison ne compte alors plus dans le
calcul
du débit avec l'extérieur. Si on poursuit à
l'échelle
d'une rue, c'est autant de surfaces qui disparaissent du bilan. Pour
calculer
ce bilan, il suffit d'ajouter le débit de chaque maison avec
l'extérieur.
Il est clair que le débit de maisons jumelles est doublé
sur la façade comparé à une maison isolée.
Mais le flux de chaque maison reste identique; voilà le lien
entre
le débit et le flux : le flux est le débit par
unité
de surface (intensive, extensive, voir plus bas). Si le flux est le
même à
travers les murs de chaque maison, alors pour avoir le nombre de
personnes
en transit avec la rue, il suffit d'ajouter toutes les surfaces
extérieures.
On peut aussi ajouter des étages à
cette maison. Il y a alors un flux à travers le plancher, mais
comme
c'est un flux interne, il ne rentre pas en compte dans le bilan. Seul
le
flux par les façades compte. De même si les maisons de la
rue ont plusieurs étages.
Finalement, un immeuble est un bloc d'habitations
qui communiquent entre elles. Bien sûr, il n'est plus question
d'envisager
le flux de personnes à travers les murs extérieurs, mais
on peut le faire pour le bruit par exemple, ou la chaleur.
Ces différents exemples montrent comment
le débit dépend de la surface extérieure : il est
la somme des flux sur toute la surface. Or la surface dépend du
carré de l'échelle. Si le flux est le même pour
chaque
habitation, alors le débit de l'immeuble sera proportionnel au
carré
de l'échelle.
Application au problème
i Température, source et flux
Le problème traite du transfert de chaleur
vis-à-vis de la taille. Il faut préciser quelques notions
liées à la chaleur. La température est une mesure
de l'état calorique d'un objet. Elle est indépendante de
la taille de l'objet : deux casseroles d'eau chaude à la
même
température ne rendent pas l'eau plus chaude. Comme elle ne
dépend
pas du volume, on dit que c'est une grandeur intensive. À
l'inverse,
la quantité de chaleur emmagasinée par un objet
dépend
de sa taille : deux casseroles d'eau demandent deux fois plus
d'énergie
(gaz, électricité, ...) pour chauffer à la
même
température qu'une seule. La quantité de chaleur, ou
énergie
calorique, est une grandeur extensive. Pour fixer les idées, on
peut prendre une analogie avec un réservoir d'eau; le niveau
d'eau
est la température tandis que le volume d'eau est
l'énergie
calorique. En assemblant des réservoirs, on augmente la
quantité
d'eau mais pas le niveau.
Revenons à nos casseroles. Pour les chauffer,
on a fait passer du courant dans une résistance
électrique,
ce qui a créé de la chaleur. Une résistance est
une
source de chaleur. Il existe des résistances qu'on peut plonger
directement dans l'eau. Notre casserole se trouve alors munie de sa
source
de chaleur (on appelle cela une bouilloire électrique). Si on
groupe
plusieurs bouilloires ensemble, elles vont pouvoir chauffer plus d'eau
dans le même las de temps : la quantité de chaleur
créée
est une grandeur extensive, mais la source n'en est pas (elle est au
volume
ce que le flux est à la surface).
On pourrait, par analogie, munir notre réservoir d'eau d'un
petit nuage pluvieux; la pluie augmente le niveau et le volume d'eau
dans
le réservoir.
Notre objet maintenant doté d'une
température
et d'énergie calorique va échanger de la chaleur avec son
environnement, à travers sa surface. Ce flux calorique est celui
qui nous intéresse ici. Comme tout flux, il est
indépendant
de la surface mais est lié au débit par la surface.
Q = F.S
Si le réservoir est muni d'un robinet, le
débit d'eau dépendra du nombre de réservoirs.
Modèle schématique d'un objet
en
thermodynamique.
i Effet du facteur d'échelle : rapport
v/s
(§ suivant très mal dit: faire une
liste )
Résumons les choses. La température
dépend de la quantité de chaleur présente dans
l'objet,
elle-même proportionnelle au volume et dépendante de la
quantité
de chaleur créée par la source calorique. Cette source
dépend
aussi du volume, contrairement au flux qui est proportionnel à
la
surface. Ainsi, si Qc est l'énergie calorique
créée
et Qt celle transmise :
Qc ~ v et Qf
~ s
Quel effet a l'échelle ? L'échelle
influe sur ses quantités via le volume et la surface.
Rappelez-vous,
elles varient comme
v' = h³.v s' =
h².s
Ainsi le rapport entre ces quantités,
proportionnel
à v/s, varie comme l'échelle car :
Q'c / Q'f
~
v'/s' ~ h.v/s
~
h.Qc / Qf
Cela signifie que quand seule la taille augmente,
alors la quantité de chaleur produite augmente plus vite que la
quantité évacuée.
i Corps
Avant de conclure, il nous reste encore à
comprendre succinctement comment fonctionne le corps vis-à-vis
de
la chaleur.
La température du corps est régulée à
37.2°C
normalement. Pour cela, différents moyens sont mis en œuvre
comme
la régulation de la circulation sanguine près de la peau
ou la transpiration qui met en jeu l'absorption calorique très
efficace
de l'évaporation de l'eau.
La chaleur est créée dans tout le
corps par le fonctionnement normal des cellules qui brûlent des
sucres
pour vivre. Lors d'activité physique, les muscles travaillent
plus
et créent alors plus de chaleur. Faisons l'hypothèse que
la masse musculaire est proportionnellement la même quelle que
soit
la taille (elle est liée au volume) et que l'effort est
identique.
Cela permet de supposer que la source de chaleur est constante et
indépendante
de la taille, donc que la chaleur créée est
proportionnelle
au volume.
La conclusion est évidente : un adulte
produit
plus de chaleur qu'il ne peut en évacuer, comparé
à
un enfant. Or s'il garde cette chaleur excédentaire, sa
température
va augmenter. C'est pourquoi le corps se protège en augmentant
le
flux de chaleur en transpirant : l'eau emmagasine beaucoup de chaleur
et
en absorbe encore plus pour s'évaporer. En s'évaporant,
l'eau
prend cette chaleur au corps, en refroidissant la peau, et
l'emmène
au loin.
(discussion des hypothèses et autres
causes)
Autres applications
On vient de voir qu'un enfant perd de la chaleur
plus vite qu'il n'en produit, comparé à un adulte. C'est
pourquoi un enfant se refroidit plus vite.
A l'inverse, une grande taille réduit les
échanges thermiques. Cela permet alors de conserver plus
facilement
une température constante. Aussi bien aux pôles
qu'à
l'équateur : un ours polaire a une taille qui lui permet de ne
pas
se refroidir trop vite tandis qu'un éléphant
réduit
ainsi le risque de surchauffe. À noter que tous deux ont une
forme
trapue qui se rapproche plus de la sphère. C'est normal car la
sphère
a le meilleur rapport v/s en ce qui concerne l'isolation. On peut s'en
rendre compte facilement avec la figure suivante où le volume
reste
constant mais la surface augmente de gauche à droite.
1er septembre 2002
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Mise à jour : 10 octobre 2005